En opposition à la crise sanitaire du COVID-19, une nouvelle façon de travailler s’est démocratisée : le télétravail. Une pratique, bien qu’elle soit ancienne, s’est imposée aux entreprises même les plus réfractaires. Selon le ministère du travail, le nombre de salariés qui pratiquent le télétravail est passé de 3% en 2017 à 10% en septembre 2020.
Bien que la majorité des Français ait adopté cette méthode en période de confinement, les statistiques actuelles montrent que seul un Français sur 7 la pratique toujours.
Le télétravail reste un mode de fonctionnement qui a ses effets positifs, mais aussi ses inconvénients à la fois du côté collaborateur et du côté employeur.
Les effets et ressentis
Face aux problématiques actuelles (environnementales, équilibre personnel, productivité…) et ce bien avant la COVID-19, le télétravail semblait être la meilleure hypothèse pour y répondre.
Environnement
La pollution dans les grandes villes est devenue un sujet mis au premier plan. En raison d’une saturation des routes et des moyens de transport qui ne fait que croître d’année en année, les Français passent plus de temps dans les transports pour se rendre sur leur lieu de travail. Dans l’ensemble, un impact négatif se fait ressentir sur l’équilibre de vie personnelle des usagers.
De nombreuses initiatives avaient d’ailleurs vu le jour afin de lutter contre ces problématiques environnementales :
- Expérimentation poussée par certaines collectivités et entreprises sur le travail en horaires décalés pour éviter les heures de pointe.
- Le “Flex Office” : bureau non attitré à une personne pour assurer un roulement des salariés.
- Covoiturage : recommandation en interne par les entreprises.
- Espace de
- Aménagement des locaux : De plus en plus d’entreprises optimisent leurs dépenses liées au mobilier (charges, loyers) et proposent de louer une partie de leurs espaces.
En effet, le télétravail n’a pas réellement eu d’effet sur le désengorgement des moyens de transport à Paris d’après une étude récente de l’institut PARIS REGION 2020 / SNCF :
“En prenant une hypothèse de 2 jours de télétravail par semaine, pour des personnes dont l’emploi le permet, la baisse des flux de mobilité serait de 6 à 13 % aux heures de pointe. Cette baisse permettrait ainsi de diminuer les pics d’affluence et améliorerait la distanciation physique, en obtenant des taux d’occupation acceptables”.
Équilibre personnel
Trouver l’équilibre entre vie privée et professionnelle est désormais plus accessible. Les mentalités évoluent de plus en plus vers une culture du résultat : autonomie, confiance, implication, sérénité. Le salarié peut organiser sa journée de travail de manière plus flexible en tenant des objectifs.
Il est évident que cette réorganisation sur le moyen terme a eu des impacts psychologiques sur les télétravailleurs.
Les sentiments d’isolement et de solitude se sont fait ressentir. Le télétravail a parfois été mal vécu d’autant plus qu’il a été maintenu sans interruption.
Nous constatons sur le plan social que le télétravail réduit les relations humaines par la pratique constante de réunions virtuelles.
La sensation d’isolement peut vite s’installer chez le collaborateur en télétravail et la bonne communication au sein de l’équipe en est d’autant plus importante.
La collaboration en équipe est rendue plus difficile malgré les moyens mis en œuvre. Bien que certaines entreprises mettent en pratique des méthodes de travail flexibles et agiles, il manque toujours ce contact humain pour s’épanouir au travail.
Et malgré l’usage des outils collaboratifs, l’employé reste tout de même loin du collectif de travail.
Il sera alors important d’améliorer l’organisation et les conditions de travail pour généraliser le télétravail. Afin d’éviter de basculer vers une certaine dispersion, la mise en place d’une organisation plus structurée est nécessaire.
Productivité
Contrairement aux idées reçues, les salariés ont majoritairement tendance à plus s’investir lorsqu’ils travaillent depuis chez eux. Le temps de transport étant nul, il est ainsi utilisé au profit du travail et les pauses déjeuner sont aussi généralement plus courtes. Les pauses plus ponctuelles, comme un café entre collègues sont aussi moins fréquentes, ce qui a pour effet de réduire considérablement l’absentéisme et accroître l’efficacité du salarié.
Le risque de dépasser les horaires de travail perdure dans certains cas. Le fait d’avoir accès à ses outils en permanence et le fait d’avoir son espace de travail au domicile facilitent l’augmentation du temps consacré à la tâche. La frontière entre la vie personnelle et professionnelle peut parfois être rompue.
La collaboration en équipe peut s’avérer plus difficile. Les discussions informelles ne sont pas toujours maintenues, ce qui peut impacter la cohésion d’équipe. De fait, il paraît nécessaire de s’assurer un certain nombre de points de partages réguliers au sein de l’équipe. Même de manière informelle, il serait intéressant de réserver un temps de parole, destiné à s’assurer qu’aucun collaborateur ne se sente isolé.
Il a également été constaté que l’augmentation de la charge de travail a été ressentie lorsque le collaborateur effectue plus de 2 jours de télétravail par semaine. Certains télétravailleurs ont dû faire face à des conditions compliquées (espaces de travail rudimentaires, garde d’enfants non assurée, petites surfaces…) ayant ainsi un impact sur la concentration et le confort de chacun.
Effectivement, hors du cadre d’un espace de travail collectif, chaque collaborateur doit faire preuve d’une certaine discipline personnelle, afin de conserver un rythme de vie équilibré, en phase avec les exigences de sa vie professionnelle, tout en préservant sa vie personnelle.
Après le confinement 62% des salariés sont favorables au télétravail, d’après un sondage mené par Deskeo.
Le télétravail a fait changer les usages. Aujourd’hui, se pose la question de garder cette habitude d’organisation.
Diverses questions se posent : l’impact sur le management, sur les différents travaux d’équipes et sur la participation aux projets collaboratifs du type Agile par exemple.
En France, un projet de télétravail nécessite un accord du type “double volontariat” entre l’entreprise et le salarié. Il peut même figurer dans le contrat de travail.
Bien évidemment, les proportions de “télétravailleurs” diffèrent suivant les secteurs d’activité. Elle sera naturellement plus élevée dans le secteur tertiaire, notamment dans les domaines de l’information, la communication, la finance, les assurances puis dans une seconde proportion dans les domaines de la restauration – hôtellerie et dans les transports.
Afin de faire perdurer le mode de télétravail, il convient évidemment d’adapter son organisation.
Le télétravail s’impose aux entreprises notamment dans des situations de crise telle que la COVID-19. Afin de mieux réussir et rendre efficace ce mode de travail, les entreprises doivent mettre en place une bonne stratégie et un certain nombre de moyens à disposition des employés.
1. S’interroger sur les besoins et les attentes des salariés :
L’entreprise peut recueillir les besoins des salariés en utilisant des questionnaires, des focus groupes pour réaliser des études ou aussi par des rencontres avec les délégués du personnel.
L’objectif est de savoir qui serait intéressé par cette pratique ? Quelles sont les motivations, les doutes et les inquiétudes des différents acteurs ? Quel rythme de télétravail est le plus adéquat ?
Les réponses à ces différentes questions permettront aux organisateurs de mieux orienter le dispositif.
2. Élaborer une organisation et un cadrage du télétravail :
Afin de réussir le projet de télétravail, il est primordial d’y associer les différents acteurs : équipe RH, les managers, la DSI ou la médecine du travail, qui auront des préoccupations différentes. Un groupe de travail peut proposer un document de cadrage ou une charte du télétravail qui définit les contours du projet, les modalités du télétravail et ainsi prévenir les éventuels problèmes qui peuvent survenir pendant la mise en place du télétravail.
3. Sélectionner les bons outils :
Il existe actuellement plusieurs outils informatiques qui facilitent le travail à distance, notamment des outils qui permettent de travailler en groupe sur le même document et de modifier en temps réel. C’est par exemple le cas de la suite Google drive. Il existe aussi des outils pour créer des tableaux partagés avec des listes de tâches pour organiser le travail tel que Trello. Ou encore d’autres outils comme Skype ou l’outil de chat Slack qui peuvent être utilisés pour la communication à distance.
Cependant la technique n’est pas toujours à la portée de tous les collaborateurs d’où la nécessité de s’interroger sur un certain nombre de questions ; voir si les équipements informatiques sont performants ? Adaptés à un usage mobile ? D’un système de ? Tous les salariés sont-ils bien formés à leur utilisation ?
4. Évaluation permanente du dispositif :
Il est important que les entreprises organisent des points réguliers afin de résoudre les nouvelles difficultés. Cela leur permettra d’affiner le dispositif et de travailler dans une logique d’amélioration continue.
Elles peuvent également mettre en place des formations ou ateliers en télétravail afin d’aider les employés à travailler en toute efficacité.
Comment on reprend après la crise ?
Par exemple, la question de la connexion sera à adapter. Tous les employés n’abordent pas de la même façon la connexion à distance aussi bien en terme de technique que de relationnel. C’est un vrai challenge managérial.
Par ailleurs, le rythme de travail devrait être plus établi, en commençant par des horaires attribués. Il est intéressant de planifier des points d’équipes pour recentrer l’esprit de cohésion et garder le contact relationnel.
La situation dure, le télétravail continue. Après six mois d’expérimentation, les salariés souhaitent poursuivre le télétravail et le voir généralisé. Il est cependant important d’améliorer les conditions de travail notamment sur le plan organisationnel et informatique.
Pour faire perdurer le télétravail dans de bonnes conditions, il sera nécessaire d’apporter une attention particulière à la réorganisation des équipes ainsi qu’aux aspects humains et psychologiques.
Sources : McKinsey, LesEchos
Maxime, Team NEXTON