Lors de son interview télévisée du 15 octobre 2017, Emmanuel Macron expliquait que des centaines de milliers d’emplois dans le secteur bancaire étaient menacés par l’Intelligence Artificielle (IA).
Il n’est pas sans rappeler qu’une transformation radicale de l’économie s’opère en ce moment même. La société a connu énormément de modifications suite à l’avènement des nouvelles technologies. Un simple exemple : à la fin du XVIIIème siècle, à Paris, on comptait 29 000 porteurs d’eau. Ils ont tous disparu avec l’arrivée de l’eau courante dans les foyers. Une société a donc pour caractéristique une succession de mutations.
L’arrivée de l’IA dans notre quotidien va entraîner une modification bien plus importante : elle va impacter l’ensemble des domaines du système que nous connaissons aujourd’hui.
Même si nous ne sommes qu’au début de cette révolution entraînée par cette nouvelle technologie, l’IA sera bientôt un élément présent dans notre quotidien. Et cela grâce à une progression exponentielle, que nul ne peut démentir.
La bonne nouvelle ? Dans cette nouvelle ère, nous allons pouvoir résoudre très rapidement une quantité significative de problématiques touchant chaque métier, dans chaque secteur d’activité.
Le hic ? Nous ne sommes pas prêts à entrer dans cette nouvelle ère. Simplement parce qu’à la vitesse à laquelle l’IA se développe, l’intelligence humaine pourrait rapidement devenir obsolète. C’est toute notre vision du monde occidental et de son organisation qui va en être modifiée.
Auparavant, l’ingénieur programmait des machines via des règles pour imiter l’intelligence humaine. Il créait des logiciels qu’il nourrissait avec des données, et qui s’exécutaient grâce à des scénarios bien définis à l’avance.
Un système qui connait ses limites car l’Homme a compris que l’intelligence humaine fait exactement l’inverse. Un enfant n’a pas besoin de règles de grammaire pour apprendre à parler. A force d’entendre des gens parler autour de lui, celui-ci comprend implicitement les règles de la grammaire sans même savoir qu’elles existent. L’Homme est exposé à toutes les données d’un environnement et cherche à les conceptualiser pour les comprendre. C’est donc cette approche qui est utilisée pour créer une IA.
A quoi ressemblera cette IA lorsqu’elle s’immiscera dans nos vies ?
D’abord, elle sera présente tout autour de nous via des assistants intelligents. Nous commençons d’ailleurs déjà à les côtoyer :
- Google Assistant, avec qui nous pouvons avoir des échanges ;
- Alexa de chez Amazon, qui permet de mettre à jour en temps réel notre liste de courses ;
- Siri qui peut nous conseiller des playlists personnalisées via Apple Music
Chacun de ses assistants virtuels s’améliore en continu via les différentes demandes des utilisateurs et pourra à terme, nous accompagner dans chaque action de nos vies. Mais avant toute chose, nous allons devoir leur apprendre la flexibilité pour qu’ils puissent gagner en autonomie.
A l’avenir, nous allons pouvoir utiliser nos assistants virtuels en se contentant d’indications très vagues comme par exemple :
- “Organise mes vacances”,
- “Trouve moi un nouveau travail”,
- “Occupe toi de mon déménagement”.
En décomposant chaque étape de chaque action, ils vont être capables d’y arriver. Ces assistants pourront donc, à terme, remplacer nos smartphones.
A force de les solliciter, ils nous connaîtront en profondeur. Ils se souviendront de toutes nos interactions avec eux ! Nos goûts, nos émotions, notre santé…
D’assistants intelligents, ils vont progressivement se transformer en de véritables compagnons virtuels avec lesquels nous serons en contact permanent, de façon très intime.
Ils finiront par devenir nos alter-ego digitaux : une copie parfaite de nous dans le monde digital, qui nous représentera.
Quid du monde professionnel ?
Des impacts considérables sont à prévoir dans le monde de l’entreprise. Chaque métier pourra s’appuyer sur de l’IA. Mais à terme, tout sera différent : très rapidement, au sein des entreprises, la machine prendra le dessus sur l’Homme. Pas un seul métier ne sera épargné par l’arrivée de l’IA. Et cela passera par des postes les moins qualifiés, à ceux se situant tout en haut de la pyramide hiérarchique. Le patron du fond d’investissement “BridgeWater” a déclaré dans la presse “qu’il commencerait dès la fin de l’année 2017 à remplacer l’ensemble de ses managers par de l’intelligence artificielle.”
Jack Ma, le patron d’Alibaba, a pour sa part, déclaré que “d’ici 2030 les IA dirigeront par elles-mêmes les entreprises, étant donné qu’elle seront plus rationnelles que les humains, quant aux prises de décisions.”
Une telle mutation questionne le décideur : comment intégrer et faire accepter une nouvelle répartition des tâches au sein de l’entreprise, lorsque celle-ci modifie des équilibres et supprime certains emplois ? Comment concilier performance, agilité et éthique lors du déploiement d’une IA ? Le chef d’entreprise doit s’emparer de cette question centrale et arbitrer des choix complexes, en bonne intelligence !
Économiquement, l’impact va être considérable. Avec l’IA, on s’attaque à la dernière spécificité de l’Homme au travail : son intelligence. On rendra abondant ce qui était rare et différenciant pour une entreprise : la cognition humaine.
En tout cas, il va falloir anticiper, dès maintenant, des risques grandissants et inédits. L’IA se rapproche de plus en plus des capacités de nos cerveaux. Toutes nos fonctions cognitives sont en cours de modélisation dans des algorithmes, y compris la créativité et l’intuition. Mais il y a une grande part d’incertitude quant à l’utilisation de ces IA. Même si l’Homme a créé leurs modes d’apprentissage, celui-ci n’arrive plus à expliquer la totalité des actions prises par celles-ci.
Benyamine